→ Le logement de fonction du président L’habitude a été prise, parce qu’elle découle de la pratique d’Ancien Régime puis du Premier et du Second Empire, de faire résider le souverain sur son lieu de travail. Un habitude que notre République n’a jamais remise en cause et qu’elle perpétue aujourd’hui encore. Il y a plusieurs raisons à cela. Tout d’abord, la fonction présidentielle, depuis son origine en 1848, est essentiellement faite de représentation et, à ce titre, implique de nombreuses cérémonies et réceptions de prestige, nécessitant des espaces adaptés. À l’image des grands princes étrangers, qui résident tous dans d’immenses et somptueux châteaux ou palais et que le président de la République française est amené à recevoir, il est toujours apparu préférable et même nécessaire de faire résider le maître de maison… dans ladite maison, tant pour des considérations pratiques que de prestige. Un autre argument en faveur de la résidence du chef de l’État sur son lieu d’exercice est que sa sécurité s’en trouve facilitée, dès lors que l’on réduit considérablement ses sorties et déplacements et qu’il n’y a pas d’allers-retours quotidiens à assurer entre un domicile privé et l’Élysée. Enfin, il reste un dernier élément, tout symbolique celui-là, qui est que le président assure ainsi une permanence totale, par sa veille et sa disponibilité de tous les instants, et ce pour une meilleure gestion des affaires de la République. Pour autant, la résidence du président à l’Élysée est très généralement vécue comme une astreinte privative de liberté à laquelle il tente d’échapper. Le général de Gaulle s’y est tenu comme en casernement. Georges Pompidou a vécu (et est mort) chez lui, quai de Béthune. Valéry Giscard d’Estaing a vécu autant que possible à son domicile de la rue Bénouville. Quant à François Mitterrand, il a été sans aucun doute le président le plus libre à cet égard, sa vie familiale pour le moins complexe suffisant sans doute à en justifier : il résidait officiellement rue de Bièvre et officieusement dans l’hôtel de la présidence au 11, quai Branly. Jusqu’en mai 2007, Jacques Chirac, en raison du rapport décidément très particulier qu’il entretient avec ses logements de fonction républicains, était encore le seul à avoir réellement résidé au palais. Depuis, en bon élève, Nicolas Sarkozy suit l’exemple.
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